Le chagrin d’une mère

Le Bouddha enseignait de différentes façons. Aux gens simples et aux enfants, il racontait des histoires. A ceux d’intelligence supérieure, il donnait des explications détaillées du chemin. A d’autres, il enseignait sans même prononcer un seul mot. Mais, sans doute, son propre exemple, la façon même dont il vivait, constituaient-ils ses plus remarquables leçons. Il agissait toujours avec bonté et amour. Il était patient envers tous, même avec les plus ignorants ou les plus bornés.
Très vite, beaucoup de gens furent attirés par lui et devinrent ses disciples. Si quelqu’un avait un problème, il demandait son avis au Bouddha. Or, il y avait une femme du nom de Gotami, dont l’enfant venait juste de mourir. Elle était si bouleversée qu’elle en avait totalement perdu la raison. Elle courait çà et là essayant de ramener son fils à la vie. Pris de pitié pour elle, ses amis lui dirent:
»Gotami, tu devrais aller voir le Bouddha. Peut-être pourra-t-il t’aider. »
Prenant son enfant dans ses bras, elle se rendit auprès du Bouddha:
« Par pitié pour moi, rendez-lui la vie! » dit-elle en pleurant.
Avec une grande douceur, le Bouddha lui répondit:
« Je peux t’aider, Gotami, mais d’abord, il faut que tu m’apportes quelque chose. J’ai besoin d’une petite graine de moutarde. Toutefois, elle doit provenir d’une maison où jamais personne n’est mort. »
Aussitôt, Gotami se mit en quête d’une graine de moutarde. Elle frappa à une porte et la femme qui était là lui répondit:
« Bien sûr que tu peux avoir une graine de moutarde, tu peux prendre tout ce que tu veux… Mais sache que mon mari est mort l’année dernière. »
« Oh! répliqua Gotami, alors, il me faut chercher ailleurs. » Et elle courut à la maison voisine.
Mais, partout où elle allait, la même chose se produisait. Tout le monde voulait l’aider, mais dans chaque famille visitée, quelqu’un était mort. Une personne lui disait:
« J’ai perdu ma fille il y a trois ans. » Une autre: « Mon frère est mort hier. » C’était toujours la même histoire.
A la fin de la journée, elle retourna voir le Bouddha.
« Qu’as-tu trouvé, Gotami? lui demanda-t-il. Où est ta graine de motarde? Et où est ton fils? Tu ne le portes plus avec toi? »
« O Bouddha, répondit-elle, aujourd’hui j’ai découvert que je n’étais pas la seule à avoir perdu un être cher. Partout, des gens sont morts. Je vois combien j’étais stupide de penser que je pourrais ranimer mon fils. J’ai accepté sa mort et l’ai enterré cet après-midi. Maintenant je suis revenue vous voir pour suivre vos enseignements. Je suis prête à les entendre. »
Alors le Bouddha lui dit:
« Gotami, tu as appris une grande chose aujourd’hui. Tout le monde doit mourir un jour ou l’autre. Mais si tu étudies la vérité, tu pourras vivre et mourir en paix. Viens, je vais t’instruire. »
Et c’est ainsi qu’il l’enseigna. Elle éprouva bientôt plus de paix et de bonheur qu’elle n’en avait jamais connu auparavant.
Le prince Siddhartha: Jonathan Landaw et Janet Brooke
